Frère à louer (DELCOURT/TONKAM)

J’ai pris « Frère à louer » (Rental Onii-chan / レンタルおにいちゃん) car la couverture me paraissait vraiment belle et le titre était assez mystérieux pour que j’ai envie de le lire. Cette nouvelle série aux éditions Delcourt/Tonkam est un drame touchant sur une petite fille qui a perdu ses parents et dont le frère ainé ne s’occupe pas, voir la maltraite. Elle décide donc de « louer » un adolescent pour jouer le rôle de son grand frère quand le moral n’est pas au beau fixe. Un début prometteur signé Ichiiro HAKO dont il semble s’agir de la première série longue que l’auteur avait publié sur les réseaux sociaux, rencontrant un franc succès. La série compte aujourd’hui 3 tomes et est toujours en cours, j’ai assez hâte de savoir ce que l’histoire va proposer car dans ce premier tome on pourrait s’attendre à une difficulté de maintenir le scénario tel qu’il est.

Funeste jour

On découvre Kanami, une petite fille d’environ 8/10 ans qui s’amuse follement avec un adolescent que l’on devine rapidement comme étant le « grand frère » mais à la fin de la journée le temps de location est terminé, elle doit retourner chez elle, dans un endroit froid ou un autre adolescent vit, cloitré devant une télévision. Dès les premières pages on comprend qu’il n’hésite pas à la gifler et à la traiter comme une nuisance, la raison sera expliquée plus tard: leurs parents sont morts et ce charmant grand-frère est devenu un monstre aux yeux de sa sœur. On ignore à ce jour le pourquoi du revirement de situation, tout semble indiquer qu’il n’est que particulièrement perturbé par la mort de ses parents mais il semble étrange qu’il s’en prenne à ce point à sa sœur alors que tout les flashback indiquent qu’il était vraiment adorable auparavant. Cette situation est donc le moteur du manga, comment s’en sortir ? Comment reprendre le cours d’une vie normale ?

L’autre

Makoto n’est pas en manque d’argent, il n’essaie pas d’arnaquer Kanami, il est ingénument gentil et souhaite aider la petite fille à aller mieux. S’il a instauré une histoire d’argent entre eux c’est pour se rappeler qu’elle a un foyer et que la place du grand frère est déjà prise. Il n’est donc qu’un substitut le temps que les choses s’arrangent pour elle mais il lui est très compliqué de mettre une ligne à ne pas franchir. Ce personnage n’est pas encore complet, il y a des aspects à découvrir que les prochains tomes devraient élaborer, on comprend que la situation le touche plus que de raison et à la fois il est intéressant de voir qu’il ne pense qu’aux intérêts de Kanami, cherchant la meilleure solution sur le long terme.

Un malheur n’arrive jamais seul

Je n’apprécie pas toujours l’abus de malheur, la situation est déjà pas évident, fallait il en rajouter ? Kanami a non seulement perdu ses parents et se fait maltraiter à la maison, mais à l’école elle est également la cible de brimades. Certes son caractère est doux et gentil ce qui donne foules idées pour la rendre victime de tous les détraqués mais j’ai trouvé que pour un premier tome c’était peut être exagéré et/ou trop rapide. Nul doute que dans la réalité, les malheurs s’attirent tout comme l’inverse, la passion des lâches de frapper des gens déjà à terre, on jubile déjà à l’idée d’un renversement de situation car s’il y a bien une lecture plaisante, c’est celle où le personnage principal se relève la tête haute de ses épreuves. Kanami n’est déjà pas seule, elle a le soutien de Makoto.

Wrap up

L’auteur a indiqué avoir mis beaucoup de personnel dans l’histoire, cela se ressent et c’est ce qui rend Frère à Louer aussi touchant et émouvant. Malgré l’addition de malheur je ne l’ai pas trouvé tire larme, Kanami a de petits airs de princesse Sarah, on a envie de l’aimer, de la cajoler et on est TRÈS content que Makoto soit là pour la protéger et l’aider à avancer. Maintenant je me demande ce qu’il y aura de plus à faire, l’autre frère ne pourra pas rester dans son rôle de traumatisé très longtemps, ou alors il y a une vraie raison à sa soudaine haine de sa sœur, ce qui permettra de tenir quelques longueurs de plus. Makoto devrait aussi apporter son lot d’histoire, et on sent vraiment que la série va faire grandir tous les protagonistes. Coté graphisme tout se tient, l’auteur fait une fixation sur les personnages, il y a une grande représentation du vide dans les planches avec énormément d’utilisation du gris. On est dans les codes de cadrage habituels au Shôjo manga mais le graphisme est bien plus mature. Il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un projet à la base personnel avec une publication sur les réseaux sociaux (PIXIV)

Au final une très bonne surprise qui donne envie de lire la suite rapidement, l’histoire est touchante et ne tombe pas encore dans le pathos. On a envie de voir Kanami sourire, j’ai particulièrement apprécié son caractère que je trouve tout à fait réaliste. C’est une enfant et à la fois la tragédie l’a fait un peu grandir, elle cherche des solutions, elle veut s’en sortir et si possible dignement. Une belle réussite pour une première série de cet auteur !

Frère à Louer, 3 tomes en cours
Tome 2 en français à sortir le 22 janvier 2020

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